Fondatrice de la Fondation Jamila, créée aux États-Unis, Mme Keïta a occupé des postes clés au sein de l’Agence de promotion des investissements privés (APIP), où elle a exercé en tant que directrice générale adjointe puis directrice générale par intérim. Aujourd’hui, à la tête de son propre cabinet, Expertise Guinée, elle s’engage à sélectionner, encadrer et soutenir les femmes guinéennes dans le cadre du programme Simandou 2040, un projet stratégique essentiel pour le développement économique du pays.
L’autonomisation des femmes est cruciale pour dynamiser l’économie guinéenne, où près de 70 % de la main-d’œuvre évolue dans le secteur informel, majoritairement agricole. Cependant, affirme Mme Hann, le taux d’analphabétisme, qui atteint environ 43 %, constitue un obstacle majeur à cette autonomisation. La question est donc : comment former ces jeunes et leur fournir les compétences nécessaires pour réussir dans un marché du travail en constante évolution ?
Par exemple, dit-elle, Integra (Programme d’appui à l’intégration socio-économique des jeunes) accompagne actuellement plus de 15 000 jeunes en leur offrant des compétences essentielles. Mais le défi consiste à les aider à s’adapter aux réalités du marché de l’emploi après leurs études. Mme Keïta souligne l’importance cruciale d’incarner un esprit d’initiative et de résilience dans le domaine de l’entrepreneuriat.
« Nous ne devons pas dépendre des subventions », conseille-t-elle. Et pour renforcer l’autonomisation des femmes et réduire le taux d’analphabétisme, son cabinet intensifie ses efforts pour soutenir les jeunes. Bien que des initiatives telles que le Fonij (Fonds national pour l’insertion des jeunes) et Integra aient alloué 65 millions de dollars, leur impact reste limité, souligne Mme Hann. Les formations ne répondent souvent pas aux besoins réels des bénéficiaires, et nombreux sont ceux qui disparaissent après avoir reçu des financements, au lieu de lancer des projets durables.
Un diagnostic approfondi des besoins est donc impératif. L’État doit être impliqué à chaque étape de la conception des programmes. Il est également essentiel de sensibiliser les jeunes à l’importance des incubateurs d’entreprises. En s’organisant et en travaillant ensemble, les jeunes et les femmes guinéennes peuvent non seulement créer des entreprises viables, mais aussi contribuer significativement à la compétitivité de l’économie nationale, indique Mme Hann. L’avenir de la Guinée repose sur leur engagement et leur détermination.
Parcours inspirant
Mme Keïta, lors de son intervention, a captivé l’audience par son parcours inspirant, alliant intelligence stratégique et audace entrepreneuriale. Son discours, fluide et nourri de son riche vécu, a éclairé les chemins de la résilience et de la confiance en soi. Elle a esquissé le portrait d’une femme moderne, profondément ancrée dans ses valeurs tout en étant ouverte sur le monde, évoquant son engagement et les rêves façonnés par le travail acharné.
Durant cette heure d’échanges, elle a transformé la salle en un espace de transmission de savoir et d’énergie, provoquant l’élan et invitant chacun à croire en l’excellence et en l’humanité. Les « Jeudis de la Presse » ont une fois de plus servi de tribune à une parole libre et profonde. À travers son discours, Mme Hann a appelé toute une génération à se tenir debout et à bâtir un avenir meilleur.
Par Alpha A. Diallo