La Banque centrale de la République de Guinée (BCRG) traverse une période sombre, marquée par des scandales qui fragilisent sa crédibilité et mettent en lumière une gestion controversée.
De Louncény Nabé, ancien gouverneur, à Karamoko Kaba, actuel détenteur du poste, la gouvernance de cette institution semble être le théâtre d’une continuité de pratiques prédatrices qui alimentent les soupçons de corruption et d’incompétence.
Sous la gouvernance de Louncény Nabé, la BCRG a souvent été critiquée pour son manque de transparence et sa gestion controversée des ressources financières du pays. Si certaines réformes ont été initiées pour moderniser l’institution, elles n’ont pas suffi à dissiper les doutes sur une administration jugée déconnectée des besoins réels de l’économie guinéenne.
L’affaire récente de la disparition de quatre tonnes d’or des réserves nationales révèle que les problèmes structurels hérités de cette époque n’ont jamais été résolus. Les failles dans les mécanismes de contrôle et l’absence de sanctions exemplaires contre les responsables présumés ont contribué à ancrer une culture de l’impunité au sein de l’institution.
Karamoko Kaba, le nouveau visage d’une crise ancienne
Nommé en pleine période de transition politique, Karamoko Kaba a hérité d’une institution en perte de confiance. Pourtant, son mandat semble marqué par une continuité des pratiques opaques qui ont caractérisé la gestion précédente. L’affaire des quatre tonnes d’or, qui éclate sous sa direction, est perçue comme le point culminant d’une gouvernance qui n’a pas su rompre avec les erreurs du passé.
Les décisions prises dans ce scandale, notamment la libération conditionnelle des principaux suspects contre la promesse de restitution de l’or volé, soulèvent des questions sur la capacité de Kaba à instaurer une gestion rigoureuse et à restaurer la confiance dans la BCRG.
Une gestion sous influence ? La question mérite d’être posée. En vérité, la BCRG, au lieu d’être un pilier de stabilité économique, donne l’impression d’être un instrument aux mains d’élites économiques et politiques qui privilégient des intérêts personnels au détriment du bien commun. Ces pratiques prédatrices fragilisent non seulement l’institution, mais également l’ensemble de l’économie guinéenne, en décourageant les investisseurs et en alimentant la défiance des citoyens.
Tout un impératif de réforme profonde.
Face à cette crise, plusieurs voix appellent à une refonte totale de la gouvernance de la BCRG. Parmi les pistes évoquées par les experts, citons :
Audit externe indépendant : Une évaluation approfondie des gestions successives, de Nabé à Kaba, pour identifier les responsabilités et proposer des solutions durables.
Renforcement des contrôles internes : La mise en place de mécanismes transparents et modernes pour surveiller les flux financiers et prévenir les détournements.
Reddition de comptes : Imposer des sanctions exemplaires aux dirigeants impliqués dans des malversations et rendre publics les résultats des enquêtes.
Recrutement basé sur le mérite : Prioriser les compétences et l’intégrité dans la sélection des cadres dirigeants de la Banque centrale.
Cela aidera à reconstruire la confiance. Dans tous les cas, pour la BCRG, l’heure est à l’introspection et à l’action. La Guinée ne peut se permettre de laisser une institution aussi cruciale sombrer davantage dans les scandales. L’échec de la gouvernance de Louncény Nabé et les premiers faux pas de Karamoko Kaba doivent servir de leçon pour instaurer une nouvelle ère, basée sur la transparence, la responsabilité et la confiance.
Sans une réforme audacieuse, la Banque centrale continuera de porter l’étiquette d’une institution prédatrice, incapable de jouer son rôle de garant de la stabilité économique et monétaire du pays.
Par Alpha Abdoulaye Diallo